Rue Bonne Fortune
Il regardait, fainéant la vitrine
Du marchand d’habits de la rue Bonne Fortune
D’un air goguenard, sa mauvaise habitude
Il fixait le prix trop lourd de sa convoitise
Il allait être dix heures, du matin bien sûr
Car il était matinal, toujours levé à l’aurore
Oh certes le réveil fut assez dur
Mais il s’employait à entretenir ce symbole
Que les gens respectables sont toujours debouts
Avant neuf heures vacances, travail ou chômage
Le regard embué de sa carence en caféine
Il était planté là, sage comme un menhir
Les mains souillées dans ses poches trouées
De son pantalon démodé façon premier empire
Il ne valait mieux pas trop l’approcher
Ne sachant pas comment il allait réagir
Non pas dangereux mais plutôt imprévisible
Il était de ceux qu’on change de trottoir
Fuyant leurs discours racoleurs et miteux
Echappant à une horrible haleine puant l’alcoolique
Son regard vitreux se perdait dans sa tristesse
Où l̓on aurait cru qu’il en était le chef
Ses cheveux en broussailles rappelait une guerre
Ancienne où l’on s’affrontait pour du feu
C’était une bien belle journée de printemps
Le soleil faisait valoir ses arrogants arguments
Aujourd̓hui il ferait beau, oui grand beau et chaud
Comme l’espèrent vacanciers et badauds
Partout la bonne humeur serait de mise assurément
Enfin, partout ou presque, presque partout
Révoltère